UMBRIA
Epave du Soudan
Véritable musée de la seconde Guerre mondiale, plongez dans l'Histoire sur l'épave de l'Umbria. Son histoire particulière, son état de conservation, sa taille et sa cargaison en font l'une des épaves les plus célèbres non seulement de mer Rouge mais du monde. Quasi intacte, elle repose à une trentaine de mètres de profondeur, à l'abri des courants et des marées car elle se trouve au coeur du récif de Wingate, juste à la sortie de Port-Soudan.
Type de bateau
Cargo à vapeur
Pavillon
Italien
Mise à l'eau
30 décembre 1911
Hambourg (All.)
Caractéristiques
Longueur 153 m
Tonnage 10076 tonnes
Puissance 4300 CV
Vitesse 12 noeuds
Un peu d'histoire
Construit à Hambourg par les chantiers navals Rieherst Schiffswerk et mis à l'eau le 30 décembre 1911, l'Umbria avait initialement été baptisé "Bahia Blanca". C'était un cargo mixte pouvant transporter jusqu'à 2000 passagers et 9000 tonnes de fret. D'une taille imposante avec ses 153 mètres de long et 18 mètres de large, il pouvait atteindre une vitesse de 12 noeuds grâce à ses cinq chaudières qui alimentaient deux machines à triple expansion.
Destiné à assurer la liaison commerciale entre Hambourg et l'Amérique du Sud, le cargo effectua plusieurs voyages jusqu'en 1914 où il fut bloqué à Buenos Aires avec le début de la première Guerre mondiale. En 1918, l'Argentine en fit l'acquisition et l'exploita jusqu'en 1935 où il fut vendu au gouvernement italien. Ce dernier renomma alors le cargo "Umbria" et le convertit en transporteur de troupes.
Au cours des deux années suivantes, l'Umbria effectua seize voyages vers les colonies italiennes d'Afrique de l'Est (Erythrée, Ethiopie et Somalie). Ensuite, il fut vendu en 1937 à la compagnie italienne Lloyd Triestino (Gênes) et il desservit alors essentiellement des ports du bassin méditerranéen.
Avec le début de la seconde Guerre mondiale, l'Umbria reprit son activité de transport vers la mer Rouge en vue de ravitailler les troupes italiennes stationnées dans la Corne de l'Afrique. Lors de son dernier voyage en mai 1940, le bateau appareilla de Gênes et fit ensuite escale à Livourne et Naples où les cales furent successivement remplies d'un impressionnant matériel de guerre. L'Umbria s'arrêta également à Messine où il s'approvisionna en eau et en charbon.
Il reprit la mer le 28 mai 1940 et arriva à Port Saïd le 3 juin où l'on chargea 1000 tonnes supplémentaires de charbon et d'eau. A ce stade, les Britanniques, alors présents en Egypte et au Soudan, étaient bien au courant du chargement potentiellement dévastateur stocké dans les cales du navire et étaient conscients que cette cargaison servirait à l'effort de guerre des Italiens. Ils attendaient la déclaration de guerre imminente de ces derniers pour pouvoir saisir le navire et tentèrent par conséquent de ralentir l'Umbria en multipliant les tracasseries administratives lors du passage du canal de Suez.
Cependant, l'Italie étant encore officiellement neutre, aucune raison légale ne pouvait être évoquée pour empêcher l'Umbria de traverser le canal. A partir de là, ce dernier fut continuellement suivi par le HMS Grimsby de la Royal Navy. Le 9 juin 1940, arrivé dans les eaux soudanaises, l'Umbria fut obligé par les forces britanniques de s'arrêter sous prétexte de soupçon de contrebande et fut escorté par le HMS Grimsby jusqu'au récif de Wingate où il jeta l'ancre en face de Port-Soudan pour y subir une fouille approfondie.
Naufrage
Wingate Reef
10 juin 1940
Profondeur
0 à 38 m
Visibilité
30 à 40 m
Courant
Faible à inexistant
Le naufrage
Le lendemain matin, en écoutant un canal radio éthiopien, le capitaine italien Lorenzo Muiesan apprit que son pays entrerait officiellement en guerre aux côtés de l'Allemagne le soir même, soit le 10 juin 1940 à 19h00. Etant le seul au courant, il fit immédiatement brûler tous les documents secrets en sa possession et prit une décision radicale afin de ne pas laisser le navire et sa précieuse cargaison aux mains des forces britanniques.
Il requit de ces dernières l'autorisation de pouvoir effectuer un exercice d'évacuation. Les Anglais acceptèrent pensant que ceci servirait leur objectif de ralentissement du cargo. Sous ce prétexte, le capitaine en profita pour mettre son équipage à l'abri et pour saborder l'Umbria.
Deux membres d'équipage s'en chargèrent en ouvrant et détruisant notamment les plaques de prises d'eau de mer ainsi que la porte étanche du compartiment du porte arbre d'hélice. L'Umbria coula rapidement et se coucha sur le flanc bâbord le long du récif sur 38 mètres de fond.
La plongée
Classée parmi les dix plus belles épaves au monde, l'Umbria contrairement à beaucoup d'autres n'a pas été endommagée par une explosion ou par un récif. Elle est donc bien préservée et repose dans une eau relativement peu profonde offrant une excellente visibilité. Les quelques dégâts visibles se situent principalement au niveau du château central suite à l'effondrement des mâts et de la cheminée.
Véritable musée, la renommée de cette épave provient notamment de sa cargaison intacte dont on peut encore profiter aujourd'hui vu que l'on pénètre facilement à l'intérieur des cales. On y trouve des voitures de type Fiat Lunga, des sacs de ciment, des bombes, des obus, des détonateurs, diverses pièces de rechange, des bobines de fils électriques, des pneumatiques et... des bouteilles de vin italien !
On peut également s'aventurer à l'intérieur pour admirer les jeux de lumières dans la salle de restaurant et dans les coursives et même aller jusqu'aux cuisines où se trouvent les fours à pizza et un pétrin. La salle des machines est également facilement accessible depuis le château central.
En s'éloignant un peu, on profite d'une vue d'ensemble de cette magnifique épave sans oublier de jeter un oeil à l'imposante hélice quadripale côté tribord.
Le temps a fait son oeuvre et l'Umbria est à présent transformée en récif artificiel, largement colonisé par les coraux et la faune récifale qui y est très abondante. C'est une plongée facile, abritée où l'on jouit d'une belle luminosité tout en profitant de la vie foisonnante qui s'y est développée : coraux, murènes, syngnathes, mérous, vivaneaux, poissons clowns, blennies, rascasses, crevettes, multitude de nudibranches et même un vieux barracuda solitaire à la dentition impressionnante.
Cette épave est réellement à la hauteur de sa réputation et mérite que l'on y consacre pas moins de deux plongées.
Le saviez-vous ?
Grâce à sa localisation juste aux portes de Port-Soudan, cette splendide épave figure au programme de toutes nos croisières au Soudan.